Mathilde Koskas est impliquée dans l’IFLA depuis plusieurs années, en parallèle de son travail comme cheffe du service Bibliographie nationale française – Livres à la Bibliothèque nationale de France. Elle est aujourd’hui coordinatrice du groupe « Femmes, information et bibliothèques » de l’IFLA (Women, information and libraries special interest group – WILSIG). Merci à elle d’avoir accepté de répondre à nos questions et de présenter son groupe ! (version anglaise)

Le Cfibd : D’où est venue la nécessité de créer un groupe de l’IFLA consacré aux rapports entre femmes, information et bibliothèques ? Les bibliothèques ne sont-elles pas un monde largement féminin, où ces questions sont moins problématiques qu’ailleurs ?

Mathilde Koskas : Comme dans tous les domaines de la société, dont les bibliothèques font partie, le besoin d’aborder ces questions est évident. Il faut, pour commencer, préciser que le groupe ne s’intéresse pas seulement aux femmes en tant que bibliothécaires ; nous travaillons pour les femmes en tant que productrices d’information et usagères des bibliothèques, tout comme d’autres groupes de l’IFLA se concentrent sur un groupe particulier de destinataires. C’est le constat que, dans le monde en général, les femmes tendent à être une minorité (dans leur place dans la société même si ce n’est pas le cas numériquement), et que, pour leur apporter le meilleur service, nous devons prendre en compte des particularités de leurs besoins d’accès à l’information.

Le besoin d’échanger sur nos expériences professionnelles se faisait aussi (et se fait toujours) ressentir. Le groupe a été créé par des collègues dans les années 1990, et a évolué pour trouver la forme la plus appropriée (SIG, section …). Je pense qu’il vient de l’expérience des femmes qui l’ont créé, et de la nécessité de changer les choses au sein même de l’IFLA. Le simple fait qu’on nous pose la question… On peut se sentir moins exposées dans les bibliothèques que dans les milieux traditionnellement masculins, mais il y a des situations que nous expérimentons toutes.

Qu’apporte à la réflexion sur ces questions le fait de faire partie de l’IFLA ?

Pour moi, c’est avant tout la dimension internationale. On discute avec des collègues qui se posent peut-être les mêmes questions que nous, mais dans des contextes très différents, qui peuvent rendre les solutions très différentes.

C’est aussi se placer dans un cadre qui donne les moyens d’agir à l’échelle globale, à prendre part aux actions de l’ONU et même à en inspirer, par exemple !

C’est essayer de mettre en pratique ce qu’on défend : des voix diverses. On attire l’attention sur le fait qu’une société qui traite les femmes comme une minorité se prive de voix. À l’IFLA, nous pouvons faire entendre les voix d’un groupe de femmes très varié.

Quelles ont été les activités de votre groupe récemment ?

Cet été, nous avons organisé pour la première fois une NonConférence sur les femmes et la technologie en bibliothèque, en partenariat avec la section Information technology (IT),

Une expérience qui nous a été très utile pour faire nos plans pour la suite et mener une réflexion sur notre manière de fonctionner, le statut de SIG au sein de l’IFLA étant ce qu’il est…

Pendant le congrès, nous avons pu rencontrer beaucoup de collègues intéressées par nos activités, désireuses de s’y impliquer… Nous avons beaucoup discuté des meilleurs moyens de faire ; et depuis la rentrée nous travaillons à la mise en place des solutions évoquées.

Comme toute instance de l’IFLA, la période de fin d’année après le congrès est aussi très prise par la rédaction de rapports, plans d’actions, programmes pour le congrès suivant… Comme tu le sais, un groupe d’intérêt spécial a une équipe officielle assez réduite, il ne faut pas se laisser submerger par les tâches administratives !

Nous venons d’envoyer l’appel à communications pour notre réunion satellite d’août 2017 sur le rôle des bibliothécaires et professionnel.le.s de l’information auprès des femmes vivant dans des situations de conflit ; un sujet qui revient depuis des années dans les discussions du groupe et est particulièrement pertinent pour le thème du Congrès de cette année, Bibliothèques. Solidarité. Société. Il mettra l’accent sur des initiatives récentes pour soutenir et améliorer la vie des femmes vivant dans des situations de conflits.

Quelles évolutions souhaites-tu pour WILSIG dans les années à venir ?

Je souhaite que nous construisions une communauté professionnelle large, souple et forte.

Comment peut-on s’impliquer dans le groupe quand on est bibliothécaire français-e ou francophone ?

Justement ! Nous manquions d’outils pour cela ! Nous en avons beaucoup discuté cet été, et avons décidé de mettre en place un outil en ligne qui puisse servir de lieu central de discussion. L’idée est d’en faire vraiment une place publique, où chacun.e puisse s’exprimer, et pas un simple canal de diffusion des infos des responsables (au sens IFLA) du groupe (nous avons déjà des comptes Twitter et Facebook et les listes de diffusion de l’IFLA pour cela). Nous pensions nous inspirer du blog du groupe Nouveaux professionnels, mais nous commençons en ce début d’année avec un questionnaire en ligne qui permet aux volontaires de faire savoir quelle contributions elles/ils veulent apporter. Par exemple, aider à créer le blog, aider à le faire fonctionner, faire de la veille, etc. Nous voudrions faire un gros effort sur le multilinguisme, et une manière simple et peu chronophage de participer est de proposer des traductions des contenus présents sur notre site, le futur blog, etc.